Un exemple d'hybride : le Pizzly.

 

 

Le Pizzly, encore appelé Grolar ou Prizzly, a été trouvé sur l'île de Banks, au nord ouest du Canada, en 2006.
Voici l'extrait d'un article du journal "Le Monde", rédigé le 17 décembre 2010, par Catherine Vincent.

"En 2006, un ours blanc portant des tâches brunes est tué par un chasseur américain. Après analyse de son ADN, il s'avère qu'il s'agit d'un hybride entre l'ours polaire et le grizzly. Ce premier cas reste isolé jusqu'à ce, au printemps 2010, un nouvel ours bicolore soit tué. Fourrure blanche et pattes brunes, l'animal est cette fois une chimère de seconde génération, né d'un grizzly mâle et d'une femme hybride".

Le Pizzly a été retrouvé à la frontière des aires de répartitions géographiques respectives de l'ours polaire et de l'ours brun, au nord est du canada.

 

        

Ursus maritimus (ours polaire) et Ursus arctos (Ours brun, ou grizzly) sont considérés comme deux espèces d'ours différentes. Or, selon la définition biologique de l'espèce, deux individus appartiennent à la même espèce s'ils peuvent se reproduire ensemble et que leurs descendants ne sont pas stériles.

 

Ursus arctos et Ursus maritimus, deux espèces d'ours différentes

 

Ursus arctos d'Amérique du nord
( = grizzly ou ours brun)

 

Ursus maritimus
 (= ours polaire)

 

La comparaison de l'ours brun et de l'ours polaire montre qu'ils occupent des niches écologiques différentes. Elle permet de confirmer l'appartenance de ces deux ours à des espèces différentes à partir de critères morphologiques , physiologiques, comportementaux, écologiques. Tous ces arguments sont donc en faveur d'un maintien de la distinction entre ces deux espèces d'ours.

 

Phylogénie des ours

 

                  
 

Cet arbre indique que la divergence entre l'ours brun (Ursus arctos) et l'ours polaire (Ursus maritimus) est très récente à l'échelle des temps géologiques (pléistocène moyen) et que la divergence entre l'ours polaire et l'ours brun d'Amérique de l'Ouest est encore plus récente (0.01 millions d'années, au début de l'holocène). Ainsi, l'ours polaire étant une espèce très jeune d'un point de vue évolutif, elle n'a sans doute pas eu le temps de présenter des différences génétiques majeures avec le grizzly, ce qui pourrait expliquer la formation d'hybrides fertiles entre l'ours brun et l'ours polaire.

 

Réchauffement de la planète et hybridation

 

Le réchauffement climatique a conduit les ours bruns à remonter vers le Nord. La barrière géographique entre les territoires naturels des ours bruns et des ours polaires est en train de disparaître, suite à la fonte de la banquise liée au réchauffement climatique.


Il est possible de suivre l'évolution de la banquise et la disparition des barrières géographiques liées au réchauffement climatique dans l'océan arctique grâce à des observations réalisées par satellites. Ci-dessous une comparaison de l'étendue de la banquise entre le 13 septembre 1980 et le 12 septembre 2010.

 

 

La disparition de la récente barrière d'isolement  reproducteur entre l'ours brun et l'ours polaire semble être une des conséquences de la fonte de la banquise liée au réchauffement climatique de la Terre.

Cet exemple permet donc de comprendre que la définition de l'espèce est délicate (elle peut reposer sur des critères variés) et qu'une population identifiée comme constituant une espèce (Ursus arctus ou Ursus maritimus)  n'est définie  que durant un laps de temps fini. L'ours polaire semble être actuellement une espèce en voie de disparition, non seulement parce qu'il cesse d'être isolé génétiquement, mais aussi parce que son milieu de vie disparaît.