Les volcans d'Auvergne sont-ils bien éteints ou sont-ils encore actifs ?

Le volcanisme de la chaîne des Puys

La chaîne des Puys en Auvergne est constituée de 75 volcans formant une longue traînée de plus de 35 km le long de la Limagne de Clermont-Ferrand : sur la photographie ci-contre, on reconnaît du fond vers le premier plan, 3 appareils volcaniques : le Puy de Dôme (type explosif) , le Pariou (type effusif) et le Puy des Goules (type effusif).
Afin de comprendre l'évolution de cet ensemble volcanique de nombreuses datations ont été réalisées sur les différentes laves rejetées par les volcans : de ces analyses, il ressort que le volcanisme qui en est à l'origine s'est mis en place il y a environ 95000 ans tandis que la dernière éruption datée est celle du lac Pavin : elle remonte à - 6 000 ans.
Depuis c'est, semble-t-il, le calme le plus total, aucun signe d'activité n'a été ressenti. Cet âge semblant a tout un chacun plus que respectable, les volcans semblent donc éteints à jamais, les habitants de Clermont-Ferrand peuvent donc dormir tranquilles...
Mais, observons quand même de plus près les résultats des différentes datations réalisées, voici comment les géologues les interprètent :

Chronologie des principales éruptions ...

entre - 95000 et - 90000 ans,  quelques rares montées magmatiques (ex : maar de St Hippolyte, fissure de Volvic).
de - 70000 ans à - 60000 ans : multiplication des éruptions (ex : Puy de Grave noire).
après une accalmie de 15000 ans, les "basaltes" se stockent sous la surface et évoluent pendant encore 15000 ans pour être expulsés vers - 30000 ans (ex : Puy de Lemptégy)
  de - 30000 à - 15000 ans, de très rares éruptions
  de - 15000 à - 12000 ans, nombreuses éruptions en surface (ex : Puy de Mey, de Côme)
de - 12000 à - 8500 ans est l'époque des éruptions les plus violentes (ex : Puy de Dôme, Puy Chopine)
  de - 8000 à - 6000 ans : dernières éruptions datées (ex : La Vache, Lassolas, Pavin)
Il a été montré que les volcans qui constituent la chaîne des Puys sont "monogéniques" c'est à dire qu'ils se sont, pour la plupart, formés au cours d'un seul évènement éruptif. On peut donc avoir une idée de la durée de tels événements puisque des éruptions comparables ont pu être observées de "mémoire d'homme".
Deux types d'édifices se trouvent dans la chaîne des Puys : des cônes formés par l'accumulation de scories lors d'éruptions dites effusives et des dômes de laves visqueuses formés lors d'éruptions dites explosives. Voici deux histoires de volcans pour mieux se représenter quelle a été par le passé la durée de l'édification des différents volcans : l'éruption du Paricutin (1943) et celle de la Montagne Pelée (1902).  (A titre de comparaison le puy de Dôme, le plus imposant volcan de la chaîne, a une hauteur de 500 m).

Mexique 1943 : éruption du Paricutin (type effusif)

  Août 1942 : un paysan, Dionisio Pulido découvre dans son champs de maïs un trou de 5 m de diamètre et profond de 1,5 m. Il ne s’en inquiète guère. La vie continue
  Janvier et février 1943 : des tremblements de terre et des grondements se produisent dans la région.
  20 février 1943, dans l’après-midi : Dionisio travaille dans son champ et brusquement entend des bruits assourdissants. Aussitôt, une fissure de 30 m de long s'ouvre près du trou qui s'était formé quelques mois auparavant. De la cendre commence à sortir de la fissure et, en 24 heures, à la suite d’explosions, un cône de 30 m émerge du champ de maïs. Le 21 février une coulée de lave s’épanche.
   Le troisième jour, la taille du Paricutin double et le sixième jour il mesure déjà 120 m de haut. Au bout d’un mois il se dresse à 148 m pour culminer un an plus tard à 336 m. On donna à ce volcan le nom du hameau voisin Paricutin, aujourd'hui enseveli sous les cendres et les laves.

 

Martinique, 1902 : éruption de la montagne Pelée (type explosif)

  Au  matin du 8 mai 1902, la montagne Pelée se gravait dans la mémoire de l’humanité. À 8h03, la ville commerçante de Saint-Pierre est détruite : 28000 personnes meurent d'asphyxie et de brûlures ; on ne retrouvera que deux survivants. Le responsable : une nuée ardente.
  Du commandant Le Bris, le 9 mai 1902 :  Marine, de Pointe-à-Pitre. (message)
  "Vers 8 heures, volcan projeta masse considérable fumée et terre. Sitôt après trombe de feu. Instantanément toute la ville était en flammes, navires démâtés et incendiés. Pluies de roches dura un quart d'heure.
        Pas aperçu êtres vivants dans ville, où impossible de pénétrer. Nombreux cadavres près du quai.
"
  À partir du 3 novembre 1902, une aiguille de lave visqueuse, dont l’enveloppe extérieure forme une croûte solidifiée, émerge du cratère. Après une alternance de phases de croissance et d’effondrement  l’aiguille atteint la hauteur impressionnante de 265 m (du 25 juin au 6 juillet 1903 l'altitude de l'aiguille atteint le maximum de 1608 m).
  Par la suite, cette aiguille se désagrége en produisant de petites nuées ardentes de type avalanche. Si cette aiguille ne se s'était pas effondrée petit à petit elle aurait atteint en quelques mois une altitude de 2200 m soit une hauteur de la colonne d'environ 850 m.

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