Prolifération des algues vertes en Bretagne

(source : d'après : ConsoGlobe)

 

Algues vertes : des dizaines de sangliers tués

Début juillet 2011, ce ne sont pas moins de 35 sangliers qui ont été retrouvés morts dans la baie bretonne, alors que cette dernière est en ce moment-même envahie d’algues vertes. Aujourd’hui, des analyses sont en cours afin de déterminer les raisons exactes de la mort de ces animaux, mais d’ores et déjà, une question se pose : ces algues vertes sont-elles dangereuses pour l’Homme ? Sale temps pour les sangliers en ce mois de juillet 2011. Pourquoi une telle hécatombe ?

Les algues vertes sont montrées du doigt et pourraient être les seules coupables… Le phénomène des algues vertes n’est pas nouveau. Depuis plusieurs dizaines d’années, plusieurs zones du littoral se retrouvent envahies d’algues vertes, mais le phénomène tend depuis plusieurs années à prendre de l’ampleur. Les algues en question sont appelées « Ulva lactuca » ou laitues de mer, et ne sont a priori pas nocives pour l’homme, tant qu’elles sont vivantes et dans l’eau. Fraiches, il serait même possible de les consommer.

Aujourd’hui, le problème est que cette algue se décompose sur les plages bretonnes, dégageant alors des substances toxiques à l’origine de la mort d’animaux. Alors que l’algue verte est présente dans de nombreuses mers et océans du monde, c’est surtout la côte bretonne qui voit le végétal des mers s’échouer sur son territoire. Pourquoi ?

L’explication est en fait assez simple. En plus du climat favorable à sa prolifération (marée, faible profondeur des eaux, lumière…), l’algue verte est dite nitrophile. Cela signifie qu’elle a besoin de nitrates pour se développer.

Or la Bretagne compte de nombreuses exploitations de volailles et de porcs (60% des porcs élevés en France le sont en Bretagne), dont les déjections sont utilisées comme lisier. Riche en azote, le lisier est alors utilisé pour favoriser la croissance des cultures. L’azote se transforme alors en nitrates qui rejoignent la mer et favorisent la prolifération des algues. Si dans l’eau, les algues vertes ne sont pas nocives, c’est le phénomène de décomposition qui inquiète. Lorsque les « marées vertes » commencent, les algues vertes viennent s’échouer sur le littoral, au contact de l’air et exposées au soleil. Composées d’oxygène, d’azote, de soufre et de phosphores, les algues vertes entrent alors dans un processus de décomposition, qui dégage de l’hydrogène sulfuré, un gaz toxique potentiellement mortel.

L’idéal est alors de ramasser au plus vite ces algues vertes échouées sur le littoral afin d’éviter que le processus de décomposition ne s’enclenche. Mais cela nécessite du temps, de l’argent, et surtout de la main d’œuvre. La masse d’algues vertes à ramasser chaque jour en période estivale particulièrement est telle qu’il est aujourd’hui humainement impossible de ramasser l’ensemble des algues vertes moins de 24 heures après qu’elles se soient échouées sur le littoral.
 La dangerosité de la décomposition de ces algues est d’ailleurs accentuée par le fait que la masse d’algues sèches en surface, formant alors une sorte de croute qui ne ralentit en rien la production d’hydrogène sulfuré, mais qui enferme le gaz entre le sol et la croute séchée. Lorsqu’un animal, un chien ou un sanglier par exemple, s’aventure alors, les poches de gaz concentré libèrent les substances toxiques, entraînant la mort de ces animaux. Dans l’estuaire du Gouessant, envahi d’algues vertes et témoin de la mort de plusieurs sangliers, des militants écologistes ont effectué des mesures et prélèvements sous contrôle d’un huissier, révélant déjà des taux d’hydrogène sulfuré équivalent à 500 ppm.

Ces mesures, trop importantes, expliquent alors la mort des sangliers qui en traversant des zones envahies d’algues vertes, ont dû crever des poches de gaz, avant de les respirer.

Les habitants et représentants des mairies dont les plages ont été envahies d’algues vertes demandent aujourd’hui plus de moyens au gouvernement afin de pouvoir ramasser ces algues en décomposition. Certains demandent également l’interdiction de certaines zones aux touristes et habitants de la région, afin d’éviter un drame…

Une des solutions avancée pour endiguer ce phénomène : réduire le nombre d’élevages de porcs, et ainsi limiter l’apport de nitrates dans l’eau, favorisant la croissance et la prolifération des algues.

 

Les algues vertes sont-elles dangereuses pour l’Homme ?

Tant qu’elles sont dans l’eau, les algues vertes ne sont pas dangereuses pour l’homme. Mais lorsqu’elles entrent en décomposition, c’est une autre affaire. S’il est incolore, l’hydrogène sulfuré a une odeur caractéristique, pouvant provoquer des nausées chez certains individus.

Si le contact de l’Homme à ce gaz est de courte durée, l’individu peut souffrir d’irritations oculaires, de vertiges, de violents maux de tête, d’une perte de connaissance, voire d’un œdème aigu du poumon. Lorsqu’un homme est exposé fréquemment à ce gaz, il peut souffrir régulièrement de bronchites irritatives et d’irritations cutanées.

Au delà d’une certaine concentration du gaz ( 500 ppm – particules par million), des pertes de connaissances sont fréquentes. Si une personne perd connaissance au milieu des algues vertes, il est alors impératif de la sortir de là, au risque de la voir plonger dans le coma puis décéder. En 2009, un homme souffrant de problèmes cardiaques et ayant participé au ramassage des algues vertes est ainsi décédé à la suite d’une intoxication aiguë.

       

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